mercredi 14 février 2018

Timoto sait déjà bientôt nager (Rémi Courgeon)

Editions Nathan
32 pages
6.95 euros
A partir de 4 ans
Parution: 11 janvier 2018


4ème de couverture

Timoto adore aller à la piscine. Au moins, là-bas, on a le droit de jouer avec l'eau.


Mon avis

Il y a quelques jours, je vous parlais du premier album de cette nouvelle série. J'avoue être toujours autant conquise avec celui-ci.

Rappelez-vous, Timoto est un petit tigre espiègle qui nous fait passer de nombreux messages. Dans son premier album, il nous parlait de la difficulté d'être soi-même... pourquoi être un tigre alors qu'il pouvait être un serpent, un zèbre ou encore un éléphant.

Changement de décor dans cet album, il nous emmène à la piscine. La piscine... un endroit extraordinaire qu'il aime tant car les gens font des choses incroyables comme nager sous l'eau sans respirer, s'éclabousser sans se faire gronder ou encore jouer avec des frites géantes. Incroyable non? Une fois rentré chez lui, Timoto s'exerce; il refait les exercices qu'on lui a appris et sait même presque nager. Oui oui, il y arrive très bien chez lui... sans eau. Un début d'apprentissage nécessaire même si, seul, la piscine n'est pas encore une bonne idée.

Un album intéressant qui permet une certaine familiarisation avec cet endroit si surprenant mais à la fois amenant tellement de craintes.
Le tout avec un style totalement épuré, des illustrations colorées sur fond blanc... Un concept intéressant.


Ma note

16/20






lundi 12 février 2018

Tous les oiseaux savent (Claire Mazard)

Editions Oskar jeunesse
173 pages
12.95 euros


4ème de couverture

"Une roucoulade à présent. Elle s'éternise, puis s'arrête, reprend. Un rossignol philomèle? Un merle noir?
Cet oiseau, je le sais, chante pour moi.
Comme tous les oiseaux du jardin.
Youyous, cacatoès, perruches...
Tous savent que j'aimerais être dehors avec eux. Ils déplorent mon emprisonnement. Ils m'appellent.
Emmy! Viens avec nous, petite Emmy!"


Mon avis

La colonisation n'est pas un thème récurent en littérature jeunesse. Je ne pouvais que sauter sur l'occasion de voir comment l'auteur allait aborder celui-ci dans son livre.

C'est en Afrique, dans les années 50, qu'il nous emmène en voyage. Nous partons à la rencontre d'Emmy, une jeune fille blanche issue d'un père militaire et d'une mère autoritaire et distante. Elle a plusieurs frères et une petite soeur.
Emmy est élevée essentiellement par sa mère mais surtout par de nombreux "domestiques" chargés à l'époque, pour quelques centimes, de s'occuper du ménage, des courses, des repas et des enfants.
Obéir et ne rien dire sont les maîtres mots de ces domestiques sous peine d'être renvoyés.
Des domestiques, elle en a connu de nombreux mais a finalement pu se lier d'amitié avec Baltasar, un "noir" chargé de l'emmener à l'école et de la récupérer ensuite.
Il me semble évident que dans ce genre de famille très bourgeoise, le racisme est plus que souvent présent. Cette famille ne déroge pas à la règle. Cependant, le mot "racisme" n'est pas acceptable pour Emmy. Noir ou blanc, elle s'en fout. Un être humain, tant qu'il est gentil, est un être bon. Alors le jour où sa mère va recevoir ce terrible coup de fil lui apprenant la mort de Baltasar dévoré par des crocodiles, le monde d'Emmy s'effondre à jamais.

C'est en 2014 que nous la retrouvons à présent. Elle a définitivement quitté l'Afrique et est maintenant retraitée du métier de brocanteuse. Cependant, elle ne perd pas ses bonnes vieilles habitudes et les utilisent même pour aider les sans-abris de son quartier. Elle est connue de tous grâce à son excentricité. Cette vieille dame, aujourd'hui, ne s'appelle plus Emmy. Elle porte bien des noms mais sûrement plus celui-là. Un passé qu'elle a laissé loin derrière elle.
Sa maison est une véritable caverne d'Ali-baba. Elle ne peut imaginer laisser les sans-abris sans aide et cela, peu importe d'où ils viennent et pourquoi ils en sont là. Elle ne fait aucune distinction, qu'ils soient blancs ou noirs, de son pays ou pas, ils ont le droit à la même chose. C'est d'ailleurs un guadeloupéen qu'elle aidera en dernier. Un homme qui lui inspire la confiance et qui sans le savoir va bouleverser sa vie à jamais.

C'est un livre emplit de poésie que l'auteur nous propose ici. Tout en simplicité, elle aborde le thème de manière totalement réaliste mais pas suffisamment en profondeur selon moi. C'est un peu ce qu'on peut souvent reprocher aux romans jeunesses.

Malgré cela, je ne peux que vous conseiller ce roman bouleversant, au suspense omniprésent. Un roman au secret bien gardé qui m'a mis une sacré claque avec sa finalité.


Ma note

16/20

dimanche 11 février 2018

Le jour où je suis partie (Charlotte Bousquet)

Editions Flammarion
186 pages
13 euros


4ème de couverture

"C'est là-bas que je dois aller. A Rabat. Pour fuir ce mariage dont je ne veux pas. Pour rejoindre ces femmes, et marcher à leurs côtés en mémoire de mon amie."

Tidir rêve de liberté. Courageuse et déterminée, elle quitte son petit village près de Marrakech pour participer à la marche des femmes à Rabat. Au cours de son périple, la jeune femme doit faire face au mépris des gens et apprend à assumer son statut de femme libre.


Mon avis

La couverture de ce roman est juste magnifique... Quant à la 4ème de couverture, elle était prometteuse. Deux choses donc qui m'ont donné l'envie d'ouvrir ce roman.

Dès les premières pages, j'ai été happée par ce récit. L'auteur nous plonge dans la vie de Tidir, une jeune adolescente marocaine. A travers son histoire, nous allons découvrir la condition de la femme dans ce pays par les traditions ancestrales qui sont toujours présentes.

Le moins que l'on puisse dire c'est que ce personnage est attachant et a un caractère bien affirmé. En effet, elle n'est pas prête à admettre le destin que sa famille lui réserve. Il n'est pas question qu'elle subisse le même sort que son amie d'enfance qui a fini par se suicider après avoir été mariée de force à son violeur. Un mariage arrangé, pour elle, il n'en est pas question.
Elle décide donc de tout quitter du jour au lendemain avec pour seul bagage: un sac à dos, un tout petit peu de nourriture et un tapis qu'elle vendra pour se faire un peu d'argent.
Mais pour aller où? A Rabat afin de participer à la marche des femmes luttant pour l'émancipation de celles-ci.
C'est un long voyage qui l'attend. Un voyage semé d'embûches et de rencontres qui marqueront le reste de sa vie. 

C'est un récit engagé que nous propose l'auteur. Un récit qui dénonce la maltraitance faite aux femmes ainsi que les mariages forcés encore présents dans de nombreux pays du monde.
Tidir, par son récit, nous dévoile le combat de ces femmes. Elle est la porte-parole de celles-ci. La porte-parole de femmes qui ne souhaitent qu'une chose: pouvoir vivre librement sans devoir céder aux traditions qui bafouent leurs droits.
C'est avec une sensibilité toute particulière que l'auteur aborde ces thèmes bien compliqués. Une douceur qui fait que, parfois, on peut regretter un léger manque de profondeur dans certaines parties du sujet ainsi qu'un manque également de crédibilité.

Cela n'enlève rien au fait que cette lecture est indispensable tant elle est intéressante par le sujet qu'elle propose. Un texte fort qui met en avant la différence entre les classes sociales, le phénomène du mariage forcé et les droits des femmes bafoués. Un roman qui amène à la réflexion sans hésitation.


Ma note

15/20

dimanche 4 février 2018

Un jihad de l'amour (Mohamed El Bachiri)

Editions JC Lattès
116 pages
9 euros


4ème de couverture

Belge d'origine marocaine, Mohamed El Bachiri est musulman et vit à Molenbeek. Loubna Lafquiri, son épouse et mère de ses trois enfants, est décédée le 22 mars 2016 dans l'attentat du métro de Bruxelles.
Depuis ce jour terrible, il n'a cessé de transformer son chagrin en un message de paix et de tolérance. Son appel à un "jihad de l'amour", diffusé à la veille de Noël, a été traduit en plusieurs langues et visionné des dizaines de millions de fois. Mohamed El Bachiri est devenu, malgré lui, le chantre des identités multiples et tente de déconstruire les préjugés.
Dans un jihad de l'amour, il évoque son enfance à Molenbeek, son amour pour Loubna, sa vie après les attentats et sa vision moderne de l'islam. C'est un hommage poétique à sa femme et un message humaniste d'amour et de fraternité.


Mon avis

Il m'est très difficile de parler de ce livre aujourd'hui tant il m'a touché. Je vous avoue que lire un livre concernant les attentats n'est pas dans mes habitudes. Traiter d'un sujet aussi grave n'est pas donné à tout le monde. On tombe souvent dans du mélodramatique rempli de trop gros clichés. Alors pourquoi avoir découvert ce livre?

Pour ceux qui me suivent régulièrement, mon métier premier ne vous est pas inconnu. Pour les autres, je vous l'annonce, je suis enseignante dans une école où la multiculturalité est partout. Face à l'actualité de ces dernières années, les préjugés sont nombreux. En tant que professeur de religion, il était important pour moi que ces préjugés disparaissent avec le temps mais tout cela est bien compliqué. Il nous fallait une stratégie... C'est à Noël que l'idée nous est venue... Réaliser une animation multiculturelle et y inviter un représentant de chacune des religions monothéistes. Il ne nous manquait plus que le thème... L'amour... Un sacré échange qui restera dans les mémoires de nombreux élèves. 
Mais revenons à notre livre... C'est un imam qui me l'a conseillé car pour lui, l'amour, c'était cela... Vaille que vaille, je me suis lancée... et quelle claque!

L'auteur, à travers ce livre, revient sur un événement dramatique qui a bouleversé sa vie à jamais: les attentats de Bruxelles. C'est lors de cette journée noire qu'il a perdu l'amour de sa vie, sa femme, sa confidente, la mère de ses 3 enfants.
Ce jour-là, rien ne laissait présager le pire. Loubna a embrassé sa famille et est partie travailler, comme tous les jours. A aucun moment, l'un d'entre eux ne pouvait imaginer le drame qui allait se jouer... Une bombe placée dans le métro qui allait séparer, à jamais, cette famille.

Face à cette horreur, comment ne pas ressentir de la haine, de la colère? Pourtant, ces sentiments n'envahissent pas l'auteur. Il utilise aujourd'hui son chagrin pour nous transmettre un message de paix, d'amour et de tolérance. Il insiste sur le fait que la vengeance et la colère ne servent à rien. Il n'hésite pas à demander aux gens qui l'entourent de ne pas ressentir ces affreux sentiments. En tout cas, pour lui, c'est clair... c'est dans l'amour et non la haine, qu'il élèvera ses enfants.

"Eux sont en colère, ils ont envie de vengeance. Je leur dis: "Tuer quelqu'un ou réagir violemment, c'est commettre les mêmes fautes que lui. Et c'est finalement se mettre à son niveau. Vous valez mieux". (p.62)


A travers ce livre, il se confie à nous. Il nous raconte son histoire, son enfance, sa vie, ses souvenirs. Il nous parle de la religion, sa religion. Une religion qu'il ne remet jamais en cause mais pour laquelle il fait des constats. Une religion qui n'est pas une science exacte, qui évolue avec le temps, avec les époques.

"Si tu crois que tuer des innocents et créer d'autres drames, c'est finalement faire justice pour toi, et si cette justice est en outre celle de Dieu, alors nous n'avons pas la même religion, toi et moi." Voilà ce que je lui aurais dit. (p.68)

Je ne peux que vous conseiller de lire ce témoignage d'amour, de respect et de tolérance où l'auteur lutte contre les préjugés grâce à l'amour justement. Un témoignage puissant qui m'a marqué à jamais et qui nous rappelle pourquoi la vie est précieuse.

"J'appelle les jeunes au jihad. Mais attention, pas n'importe lequel.
Je parle d'un jihad qui ne connaît pas la haine, pesant fardeau qui noircit les coeurs.
Je parle du plus beau, du plus vrai, du plus noble des combats: celui du jihad de l'amour. 
Ce jihad qui incite à aller vers les autres, à lui sourire et à exprimer pour lui respect et empathie." (p.92) 

Ma note


samedi 3 février 2018

La jeune fille et le soldat (Aline Sax)

Editions La joie de Lire
110 pages
11 euros


4ème de couverture

La rencontre improbable d'une jeune fille et d'un soldat qui aiment à s'asseoir sur le même banc. L'homme parle de son pays, de sa femme, de son fils et de ses chèvres. La jeune fille évoque son père parti pour le front. Mais, un jour, le soldat n'est pas au rendez-vous. La jeune fille décide de partir à sa recherche, coûte que coûte.


Mon avis

A travers ce livre, l'auteur nous plonge dans l'enfer de la première guerre mondiale. Il évoque, avec nous, une histoire peu connue... celle des soldats africains venus combattre en Europe. Etre soldat n'est pas facile mais quand on est africain, c'est peut-être encore pire... Quand tu quittes tout pour aller au combat et que tu dois faire face à la solitude, la peur et en plus le racisme... à quoi se rattacher?

C'est avec une petite fille et un soldat que nous découvrirons cette histoire. L'auteur a pris la décision d'alterner les points de vue de ces deux personnages. Concept intéressant car il nous permet de découvrir la même histoire mais sous deux regards bien différents... celui d'une petite fille innocente et celui d'un soldat ayant connu l'horreur.
On prend beaucoup de plaisir à suivre ces deux personnages très attachants qui, par leur histoire, véhiculent de nombreux messages de paix, d'amour et de fraternité.
Avec eux, on peut également aborder le sujet de la différence, non pas comme une faiblesse, mais comme une force au quotidien.

L'auteur a réussi un pari incroyable... celui de parler d'un thème grave et sensible dans un livre pour enfant. Sa mission est donc totalement réussie. Je vous vois déjà me dire: "Un livre pour enfant?" Oui oui, ne l'oublions pas, c'est bien de cela qu'il s'agit mais rien n'empêche à l'adulte de le découvrir car j'en suis certaine, il l'abordera d'une tout autre façon. Pour vous mettre un peu l'eau à la bouche: vous trouverez de nombreux changements de couleurs dans les fonds de pages. Des changements envoyant de nombreux messages, compréhensibles pour l'adulte, nettement moins pour l'enfant.

Petit bémol tout de même... J'ai pu regretter quelques petites répétitions mais c'est un peu cela le risque de l'alternance des points de vue.

Je ne peux que vous conseiller de découvrir ce livre humble, doux et profond aux illustrations splendides.


Ma note

14/20